BlackBerry 10: trop peu, trop tard?

Un billet de Pierre Rochon, blogueur invité sur Descary.com
Qu’on se le dise, l’image de la compagnie Research In Motion en a pris pour son rhume dans les dernières années. Pannes majeures, aucune innovation dans leurs téléphones ou leur système d’exploitation, départ des co-chefs, retard dans la livraison des produits, perte de part du marché face à la concurrence féroce avec Apple et Google, etc. Le titre RIMM était à près de 70$ il y a 2 ans alors qu’aujourd’hui, il navigue dans les $6-$8. Il a donc perdu plus de 88% de sa valeur en 2 ans. Rien pour réjouir les investisseurs.

Le président Thorsten Heins et autres exécutifs ont déclaré à maintes reprises dans la dernière année que le futur de l’entreprise était intimement lié au succès de la nouvelle mouture de leur système d’exploitation, baptisé BlackBerry 10, et aux téléphones BlackBerry qui utiliseront cette plateforme. Le problème majeur est que la disponibilité de cette version de BlackBerry ainsi que ses téléphones n’a cessé d’être repoussée, au point tel que plusieurs experts de l’industrie ne se demandent pas si ce n’est pas trop peu, trop tard. Force est d’admettre que la question mérite d’être posée.

De prime abord, la venue de BlackBerry 10, prévue pour le début 2013, est un pas dans la bonne direction. Un pas qui aurait dû être pris il y a quelques années cependant. La preuve réside dans la quantité énorme d’utilisateurs qui ont quitté le navire dans les dernières années au profit du iPhone ou de la panoplie de téléphones Android.

Cependant, le succès de BlackBerry 10 ne réside pas simplement sur le principe de séduire les utilisateurs et les convaincre de se procurer un de leurs téléphones. Le succès est étroitement lié aux applications qui seront produites et la facilité de produire ces applications. Qu’elle le veuille ou non, Research In Motion se doit de séduire la communauté de développeurs et les convaincre que c’est « cool » et payant de développer pour BlackBerry 10.

C’est pourquoi la compagnie promet des revenus de 10 000 $ aux développeurs d’applications BlackBerry 10 (sous certaines conditions). On y dénote cependant un soupçon de désespoir et une tentative de convaincre la communauté de développeurs mobiles, qui a fortement délaissé la compagnie canadienne, de « rentrer au bercail ». Seulement le temps nous dira si cette initiative permettra de garnir le BlackBerry App World des applications désirées par les utilisateurs. Il y a beaucoup de travail à faire et Research In Motion semble en être très conscient.

Avant de convaincre les utilisateurs d’acheter leurs téléphones équipés de BlackBerry 10, et non ceux d’Apple et Android, il faudra également convaincre les différents fournisseurs de vendre ses appareils aux utilisateurs. Selon Research In Motion, les fournisseurs attendent avec impatience l’arrivée de BlackBerry 10. Force est d’admettre que ce n’est pas étonnant, car les stocks actuels de BlackBerry sont très difficiles à écouler.

Afin de convaincre les utilisateurs d’acheter des téléphones BlackBerry 10, les fonctions offertes devront être supérieures à celle d’Apple et Google. Sinon il sera difficile de les convaincre de délaisser ces deux marques beaucoup plus populaires.

Et lorsque le président déclare dans une conférence que la compagnie peut se démarquer comme meilleure troisième, derrière Apple et Google, on se demande alors si même les dirigeants n’ont pas déjà abdiquer!
Pierre Rochon