Un billet de Thomas Barbéra, blogueur invité sur Descary.com
RT @spartitude: La bière est ma solution à la crise . Parce qu’elle peut générer des milliards de rots … #blaguedujour
— Happy Beer Time (@_HBT_) Juillet 3, 2012
Tandis que Benoit m’ouvre gentiment la porte de son blog pour parler de médias sociaux voilà que je commence mon billet par une blague. Il y aurait eu mille et une façons plus conventionnelles de débuter cet article, mais cette blague n’a pas été choisie par hasard…
C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures
L’objectif de cet article est de vous faire part d’une vieille recette de grand-mère qui va vous permettre de mesurer précisément la lisibilité de vos tweets. L’intérêt de cette méthode est qu’elle permet d’améliorer la lisibilité de vos tweets de façon objective.
Depuis 1943 et les premières formules de Rudolf Flesh, plusieurs chercheurs travaillent pour fournir un indice de lisibilité représentatif de la facilité de lecture.
Mesurer la lisibilité de votre tweet
Afin de présenter les théories sur la lisibilité, rien de tel qu’une mise en pratique. Pour cela, j’ai choisi une formule simple et rapide à mettre en oeuvre. Nous allons utiliser l’indice de facilité de lecture de R. Flesh.
La formule en question
I = 206,835 – 84,6 * SW – 1,015 * WS
I : Indice de lisibilité
SW : moyenne de syllabes par mot (syllabes / words
WS : moyenne de mots par phrase (words / sentences)
Travaux pratiques : mesurez la lisibilité de votre tweet
Oublions le caractère humoristique de ma blague sur la bière et vérifions si celle-ci est lisible.
Nombre de mots total : 17 mots
Nombre de syllables total : 24 syllables
Nombre de phrases total : 2 phrases
SW : 24 syllabes / 17 mots = 1,411 syllabe par mots
WS : 17 mots / 2 phrases = 8,5 mots par phrases
I = 206,835 – 84,6 * 1,411 – 1,015 * 8,5 = 78,835
I = 78,835
C’est cool, mais ça veut dire quoi ?
Une fois que vous avez votre indice, il suffit de vous reporter au tableau ci-dessous :
Score de facilité de lecture |
Style d’écriture |
Type de publication |
0 – 30 | Très difficile | Scientifique |
30 – 50 | Difficile | Académique |
50 – 60 | Assez difficile | Qualité |
60 – 70 | Standard | Digeste |
70 – 80 | Assez facile | Slick Fiction |
80 – 90 | Facile | Pulp Fiction |
90 – 100 | Très facile | Bande dessinée |
D’après l’échelle, mon tweet est « assez facile » à lire (presque facile).
Grâce à sa bonne lisibilité et à ses teintes humoristiques, il a tout pour générer plein de RTs.
Astuce pour les gros gros flemmards !
Pour ceux qui ont vraiment la flemme de compter le nombre de syllabes et de mots dans 140 caractères, sachez que Microsoft Word vous permet de mesurer la lisibilité de vos textes.
Pour cela, il vous suffit de consulter le tutoriel explicatif (HS: ils ont énormément copié Google dans leur nouvelle FAQ).
Quelles conclusions tirer de cette formule ?
- Utilisez des mots courts
- Faites des phrases courtes, n’hésitez pas à couper vos phrases
Ce sont des concepts de base du wording et de l’écriture, mais il est toujours intéressant de montrer que ces vérités sont appuyées par la science et l’académie.
Cependant, veillez à ne pas appauvrir vos phrases en retirant trop de mots. Elles pourraient devenir incompréhensibles.
Une mesure trop simpliste ?
Flesch n’est pas le seul académicien à avoir étudié la lisibilité. La formule de facilité de lecture a été souvent critiquée. Elle ne présenterait pas une vision assez large de la lisibilité. On lui reproche souvent de ne pas prendre en compte le lecteur par exemple.
Certaines formules considèrent la simplicité lexicale (Date and Chall, 1949) ou la motivation du lecteur à lire par exemple (Klare and McDonald Ross, 1981).
Pour grossir le trait, ces études intègrent :
- la familiarité des mots que vous utilisez dans votre tweet (diriez-vous antépénultième ou avant dernier ?)
- la flemme du lecteur (n’avez-vous jamais eu la flemme de lire un tweet avec 15 #hashtags ?)
Vous concentrez-vous pour lire ce tweet ?
Conférence #Smart #Mercedes au @mondialauto! petit clin d’oeil a @jeanbaptistelec 🙂 #MondialAuto — Beauduin J. (@beauduinj) Septembre 27, 2012
Les #hashtags et @mentions obstruent la lisibilité du tweet en plein milieu. Ce sont les changements typographiques qui rendent la lecture difficile.
Du coup, vous allez plus facilement zapper ce tweet qu’un autre, car vous avez la flemme de le lire.
Des formules plus complètes, mais beaucoup plus complexes
Tous ces facteurs sont intéressants, car ils permettent d’avoir une vision plus large de la lisibilité.
Cependant, ils sont coûteux à mettre en place. Je vous laisse mesurer la motivation de chacun de vos followers à lire vos tweets.
Vous devriez sonder chacun d’entre eux pour savoir comment ils ont ressenti votre message. Bon courage ! 😀
Merci Benoit 😉
J’ai étudié la lisibilité des messages courts au cours de mon mémoire de fin d’études. J’ai essayé d’en résumer les grandes lignes, mais ce n’est pas simple, car le sujet est hyper large.
Je remercie Benoit de m’avoir ouvert son blog. Cela faisait longtemps que je voulais parler de ce sujet sans avoir vraiment d’endroit pour le faire.
Thomas Barbéra